Allez, viens-là, j't'emmène sur mon fidèle destrier ! [avec Kate]

Il faisait beau aujourd’hui et il était absolument hors de question que je reste enfermé chez moi à ne rien faire ! De toute façon, j’étais beaucoup trop hyperactif pour ne rien faire en ce beau samedi. J’avais passé la matinée à bricoler un peu mon appartement, histoire d’y apporter ma petite touche personnelle et m’y sentir vraiment chez moi, j’avais été prendre un petit repas en ville, par pure flemme de me faire quelque chose à manger (et bon, il faut avouer que je ne suis pas le meilleur cuisinier de la planète de toute façon, je n’ai clairement pas assez de patience pour exceller dans cette discipline), puis j’étais parti marcher un peu. Je ne me lassais pas de parcourir ces rues, les mains dans les poches et le nez en l’air. Je n’étais pas ici depuis bien longtemps et j’avais toujours tendance à me perdre lors de mes moments d’errance. Mais ça ne me dérangeait pas plus que ça, ça me permettait au contraire de tomber sur des petites merveilles ! Comme cette boutique de comics qui siégeait dans une petite ruelle reculée. J’y fis d’ailleurs un tour pour me prendre de quoi bouquiner une fois ma journée terminée.

Je repassai ensuite chez moi pour me changer et récupérer mon VTT. Avant de m’installer à Stonebird, j’avais déjà repéré quelques zones naturelles où je pourrais aller m’entraîner un peu. Ce n’était pas parce que j’attendais le prochain coup de fil de ma production que j’allais me tourner les pouces ! Je devais continuer à perfectionner mes cascades et ma maîtrise de mes différents destriers. J’avais opté pour une séance de vélo aujourd’hui, adressant une petite moue désolée à ma moto quand je descendis dans mon garage. Passant ma main sur sa carrosserie, je lui promis de lui faire voir un peu le soleil très prochainement.

Enfilant mon casque et mes protections, même si ça me donnait un peu des allures d’ado, j’enfourchai donc mon vélo et quittait mon appartement pour me rendre à la forêt de HawkWoods. Je roulai quelques minutes une fois dans les bois pour essayer de trouver une zone qui pourrait me plaire. Il ne fallait pas quelque chose de trop plat, j’avais bien plus envie d’endroits légèrement escarpés. Je finis par trouver mon bonheur et m’élançai à toute vitesse. A priori, j’étais un peu éloigné des sentiers de randonnée alors… Je ne devrais croiser personne malencontreusement ! Il ne manquerait plus que je blesse quelqu’un lors de mon premier entraînement à Stonebird !

Je dévalais des pentes, je faisais des figures en ne me tenant plus que sur une roue ou en lâchant complètement mon guidon… Je m’amusais comme un petit fou dans mon petit coin de nature, persuadé que personne n’était en train de m’observer. Mais, visiblement… Je me trompais.

La forêt Hawkwoods. Depuis qu’elle est arrivée à Stonebird, le nom fait rire Kate : ça lui fait trop penser à un lieu tiré tout droit de l’univers de Tolkien. Mais au fond, l’aspect mystique de cet endroit l’attire indubitablement, et l’imaginer peuplé d’elfes, de Magiciens et d’un nombre incalculables de créatures fantastiques la fait rêver. Et elle aime ça, la demoiselle : rêver jusqu’à perdre contact avec la réalité, s’enfoncer dans les doux bras de son imagination et laisser son envie de magie parler.

Elle s’y est déjà promenée plusieurs fois pendant l’année qu’elle a passé dans la ville, mais la forêt est immense et Kate si petite ! Ce n’est pas qu’elle a peur de s’y perdre – bien que ça reste dangereux – mais elle ne s’est jamais vraiment aventurée profondément dans les bois, et surtout pas seule. Sans doute un instinct de préservation, surprenant chez la gamine ! Elle adore foncer droit dans le danger, la plupart du temps sans s’en rendre compte.

Accompagnée de son fidèle sac à dos, malheureusement désespérément vide ce jour-là parce qu’elle est partie en toute hâte, n’emportant qu’une bouteille d’eau et ayant, par chance, laissé son carnet et son crayon au fond du sac, elle arrive à l’orée de la forêt. Elle inspire un grand coup, ses yeux montant jusqu’à la cime des arbres. Ils sont majestueux. Elle sent un regain d’énergie lui donner un boost de motivation – dont elle ne manque pas de toute façon, petite boule d’énergie – et elle pénètre dans la forêt par le sentier ombragé qui y serpente.

Elle le suit, diligente, mais se lasse rapidement de sa gentille sinuosité et de ses lignes familières. Elle finit par atteindre un endroit plus clairsemé où il est aisé de sortir du sentier pour explorer les alentours sans devoir crapahuter entre les arbres et les fourrés. Kate quitte le chemin avec assurance, mais se rend vite compte que s’il y a moins d’obstacles, il y a surtout plus de relief, et elle manque de se casser la figure plusieurs fois, sans que ça ne la décourage.

Essoufflée, elle fait une pause, s’appuyant contre le tronc épais d’un arbre, regardant autour d’elle. Le silence de la forêt la ravit toujours. Pépiement des oiseaux, bruissement des feuilles, galop des cervidés au loin, frottement de roues sur la terre… Frottement de roues sur la terre ? Kate fronce les sourcils, intriguée mais pas vraiment surprise. Les gens qui partent en balade à vélo sont nombreux, mais pas forcément hors des sentiers, car le sol de la forêt n’est pas fait pour être confortable, et on finit par avoir mal aux fesses tellement le vélo tressaute sur les reliefs.

Ses yeux scannent son environnement, à la recherche de l’auteur du bruit, quand elle voit plus haut, un vélo dévaler à toute allure la courte pente qui finit en plateau un peu plus bas que là où se trouve la jeune fille. Elle ouvre grand les yeux en voyant quelqu’un perché dessus… les mains pas du tout posées sur le guidon, passant à toute vitesse à son niveau avant de ralentir en arrivant en pente douce sur le plateau.

« Eh ! C’est dangereux ! LES MAINS SUR LE GUIDON ! »

Elle ne réfléchit pas. Elle ne se dit pas que ça pourrait déconcentrer la personne d’entendre quelqu’un lui crier dessus. Elle ne réfléchit pas non plus alors qu’elle dévale la pente à son tour, à moitié en train de courir à cause de la déclivité, ne restant debout que par le bon vouloir de sa bonne étoile. Kate finit par arriver devant ce qu’elle voit être un homme d’une vingtaine d’années. Elle note la présence d’un casque et de protections et son expression de maman fâchée s’atténue légèrement devant les précautions apparemment prises par l’homme.

« Monsieur, c’était une conduite irresponsable ! Un guidon, c’est fait pour être tenu. Et vous auriez pu blesser quelqu’un ! Vous vous prenez pour qui, un cascadeur en herbe ? »

Les mains sur les hanches, décoiffée par sa course et sa pseudo-randonnée dans la forêt qui lui ont laissé des feuilles dans les cheveux, elle ne ressemble à rien et ne semble pas s’en soucier. Kate dans toute sa splendeur.