Cris du fond des bois [libre]

Ces jours-ci j’ai pris quelques jours de congés pour avancer la réfection de mes murs. Cela fait trois jours que je bosse sans relâche avec l’aide de quelques amis. Je suis vraiment satisfait du résultat. L’isolation semble être parfaitement rétablie. Je n’ai plus qu’à peindre pour mettre un peu de couleurs. Mais pour l’heure ça sèche et j’utilise ma dernière journée de congés pour une bonne balade revigorante dans la forêt. Mes muscles m’en remercieront. Trois jours à casser, remonter, poncer, enduire, aligner. Tout ça pas forcément dans le même ordre. J’ai fait travailler mon corps différemment de mes habitudes de randonneur. Malgré ma forme physique, j’ai quelques courbatures. Je découvre des muscles. C’est étrange. Mais rassurant aussi. Bien sûr quelques étirements aident à éviter que ces courbatures ne restent trop longtemps. Mais une bonne randonnée à l’air pur de ma région fera aussi du bien. Et puis ne bosser qu’à la maison pendant trois jours avec les même personnes — à suivre des instructions qui plus est — nécessite un bon rafraichissement neuronal ! Mes poumons et mon esprit a besoin de respirer le bon air au milieu de la nature !
Evidemment j’ai emmené Ona. Je ne la lâche pas trop au cœur des arbres. Mais il y a quelques clairières où elle se fait plaisir.
Arrivé à l’orée des Hawkwoods, j’emprunte un chemin bien balisé. Au bout d’un kilomètre, je décide de m’engager sur un petit chemin peu visible et pas forcément entretenu. C’est un peu ma version du hors-piste des skieurs, sauf que je sais où je vais car je connais ces bois comme ma poche. Je veux vérifier qu’il n’y a pas trop de formation de broussailles avec ce printemps pluvieux. Si l’été qui arrive est aussi chaud qu’il est annoncé, les départs de feu de forêt peuvent se produire. Les campeurs sauvages imprudents sont malheureusement un élément pas toujours maitrisable. Certains n’ont que faire de nos messages de prévention !

Au bout d’une bonne demi-heure de marche j’aboutis dans une clairière où je laisse Ona prendre son envol. Ces instants sont un vrai échange de complicité entre elle et moi. Je ne l’entraîne plus comme je peux le faire à la fauconnerie avec la plupart de nos pensionnaires qui resteront à vie. Ona m’est vraiment fidèle et sa capacité à revenir vers moi est éprouvée maintes fois. Bien sûr j’ai toujours ma besace de récompenses car malgré tout c’est un conditionnement.

Alors qu’Ona effectue un survol en rond au-dessus des cîmes qui bordent la clairière, j’entends des cris. La voix est feutrée. Je n’arrive pas à déterminer s’il s’agit de cris de détresse ou de joie. J’avance près des arbres. Je n’entends plus rien. Ona huit plusieurs fois en réduisant le diamètre de son survol vers la zone d’où provient ces cris. Je n’ai donc pas rêvé.

- Reste là Ona. Je reviens !

Je fais le signe qui lui demande de m’attendre et se poser en hauteur au besoin. Puis je m’avance avec empressement vers la source des cris. Je les entends un nouveau, et me guide au son de ses cris.

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